jeudi 16 juillet 2015

[Pause lecture] De l'amour exacerbé des livres.

Comme un roman, de Daniel Pennac



LES DROITS IMPRESCRIPTIBLES DU LECTEUR: 
1. Le droit de ne pas lire. 
2. Le droit de sauter des pages. 
3. Le droit de ne pas finir un livre. 
4. Le droit de relire. 
5. Le droit de lire n'importe quoi. 
6.Le droit au bovarysme (maladie textuellement transmissible). 
7. Le droit de lire n'importe où 
8. Le droit de grappiller.
9. Le droit de lire à haute voix.
10. Le droit de nous taire. 


-----

" On est prié (je vous supplie) de ne pas utiliser ces pages comme instrument de torture pédagogique. "



Infos complémentaires:
Origine: France
Année: 1992
Edition: Folio (1995)
200 pages


Les livres de Daniel Pennac ont ceci de particulier chez moi que je ne prévois jamais de les lire. C'est en général un peu par hasard que je tombe dessus à chaque fois: j'ai en effet l'habitude de temps en temps de parcourir la bibliothèque familiale, chez mes parents, de prendre un livre que je juge intrigant, de lire la quatrième de couverture, et si celle-ci me botte, je me lis un petit extrait non choisi avant de simplement remettre l'ouvrage à sa place. Mais parfois, il arrive que ce rituel soit déterminant dans le choix de ma prochaine lecture, et je ré-attaque donc le bouquin, depuis le début et en entier, cette fois. C'est donc de cette manière que, comme la plupart des autres livres de l'auteur, j'ai goûté à Comme un roman.
En l'absence de toute information - la quatrième de couverture restant assez floue - je ne savais donc pas vraiment à quoi m'attendre, mais le hasard faisant bien les choses, je venais sans le savoir d'appliquer les droits imprescriptibles numéros 5 et 8 du lecteur (droit de lire n'importe quoi, droit de grappiller).

L'ouvrage se présente ainsi comme un essai, dans lequel Daniel Pennac, avec sa verve et son humour habituels, revient sur les raisons qui nous poussent à lire et faire lire, et ce faisant interroge notre attitude de lecteur. Prenant comme point de départ cette idée reçue selon laquelle les jeunes ne liraient plus/n'aimeraient plus lire, il décortique les raisons amenant à ce constat faussé. Car si, les "jeunes" aiment lire, c'est juste qu'ils ne le savent pas. La première idée que j'ai retenue ici, c'est qu'au fond, il ne faut forcer personne à lire, il faut proposer, et cela de manière gratuite, sans contepartie aucune. D'où l'argument de l'auteur comme quoi l'école, loin d'encourager la lecture, ne fait au contraire que la dévaloriser, puisque le but n'y est pas là-bas de lire pour le simple plaisir de lire, de découvrir, de vivre une histoire, mais décortiquer un texte, l'analyser, rédiger des commentaires. 
Les fameux droits du lecteur, illustrés par
le non moins fameux Quentin Blake
Afin de rétablir l'amour de la lecture, tout en cherchant à lui faire quitter son piédestal d'"activité sacrée", Pennac invite donc chacun à changer son propre rapport à la lecture, et à celle des autres, et propose même une nouvelle manière d'enseigner. Pas de règles énoncés, cependant, car il y a en effet autant de manière de lire qu'il y a de lectures, et chacun est libre de faire comme bon lui semble. Seulement des droits, donc, les "droits du lecteur", à commencer par celui... de ne pas lire. Et ce simple droit résume peut-être parfaitement toute la pensée construite dans cet essai: le plaisir de lire est d'autant plus grand qu'il est choisi. Et cela, beaucoup devraient chercher à le comprendre. 

Difficile de véritablement formuler un avis sur cet essai, en fait, mais je vais tout de même essayer. J'ai beaucoup apprécié de retrouver le style inimitable de Daniel Pennac, et son ton léger et bon enfant, toujours plein d'humour. On sent qu'il prend plaisir à discuter d'un sujet qu'il aime, et ça, c'est un plaisir qui se ressent du coup aussi lors de la lecture. J'ai en tout cas trouvé la réflexion qu'il propose très juste - même si j'ai par moments eu la désagréable impression qu'il avait tendance à placer les grands "classiques" sur un piédestal, ce qui allait un peu à l'encontre du "droit numéro 5" - et il m'a été facile dans certaines situations évoquées de me remémorer certaines attitudes de personnes que j'ai pu rencontrer, voire certaines idées qui ont pu me traverser plusieurs fois en tant que lecteur.  Je ne pense toutefois pas que cela modifiera drastiquement ma manière d'appréhender les choses (excepté certains points, j'avais déjà un avis assez proche du sien, en fait) mais je tâcherai de me souvenir de cet essai si jamais j'adopte moi-même un jour un de ces comportements "condamnables" qu'il décrit!
C'est en tout cas un bel hommage à la lecture que je vous encourage tous à lire, sans exception. (en plus ce n'est pas bien long, alors même si ça ne vous botte pas des masses, ça ne vous occupera pas longtemps...) Conseil de lecteur!

________________________________

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire