vendredi 26 juin 2015

Pause littéraire: L'équipe de foule-ta-balle Universitaire Invisible entre en scène!

Les Annales du Disque-Monde, tome 33: Allez les mages!, de Terry Pratchett



Menace sur le paisible et douillet quotidien des mages : si l'Université de l'Invisible ne renoue pas avec la tradition du fouteballe, d'intolérables restrictions sont à prévoir dans leur train de vie.
Il reste à former un staff et une équipe compétitifs. Par bonheur, l'université dispose, parmi le petit personnel, d'individualités remarquables. Citons Trevor Probable — inouï ce qu'on obtient d'une boîte de conserve —, Glenda, la reine des tourtes, Juliette, ravissante nunuche promise à un bel avenir dans l'univers de la mode, et le mystérieux monsieur Daingue. Qui est Monsieur Daingue ? Le sait-il lui-même ? Toujours est-il qu'on le surveille en haut lieu.
Tandis que le match fatidique approche, quatre vies s’entremêlent et quatre destins basculent. Car ce qu’il faut savoir du fouteballe – ce qu’il faut savoir d’important sur le fouteballe –, c’est qu’il dépasse le cadre du fouteballe.





" Techniquement, la cité d’Ankh-Morpork est une tyrannie, ce qui n’est pas forcément l’équivalent d’une monarchie, et, pour tout dire, le seigneur Vétérini a même largement redéfini la fonction de tyran dont il est le titulaire comme étant la seule forme de démocratie qui marche. Tout le monde a le droit de voter, sauf ceux qui sont disqualifiés pour des raisons d’âge ou parce qu’ils ne sont pas le seigneur Vétérini. "
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" Manger, c'était leur tasse de thé, et si possible, leur tranche de cake. "


     Infos complémentaires:
     Titre original: Unseen Academicals (2009)
     Série: Les Annales du Disque-Monde (Discworld)
     Origine: Grande-Bretagne
     Traduction par Patrick Couton
     Edition: L'Atalante (2010)
     520 pages


Aussi étonnant que ça puisse paraître, non, je n'aime pas le monde du sport, et du foot encore moins. Enfin, sauf lorsque celui-ci sert de prétexte à la parodie et l'humour en tout genre! Et après Conan le Barbare, Hamlet, Le fantôme de l'opéra, la poste et même Hollywood, il était enfin temps pour Pratchett de s'y attaquer! Je ne pouvais donc me permettre de faire une croix dessus, d'autant plus que le tome promettait de mettre largement en avant le petit groupe des mages de l'Université de l'Invisible, ma troupe de bras cassés préférés de l'univers du Disque-Monde.

Vous savez ce qui est rigolo? C'est qu'ils ont même été jusqu'à
créer des "cartes de foot" à l'image des personnages joueurs!
Comme d'habitude, les interactions entre les personnages sont très réussies et font tout le sel de cet épisode. Comique de situation et de caractère, jeux de mots, absurde, Terry Pratchett nous gratifie une fois encore de son humour très anglais qu'il maîtrise à merveille, et, une fois encore, c'est un véritable régal. Félicitations également encore une fois à Patrick Couton, qui accomplit vraiment un travail d'adaptation (je n'oserais même plus parler de "simple" traduction à ce stade!) formidable sur la série depuis maintenant plus de vingt ans - hé oui!
En réaction à certaines chroniques que j'ai pu lire ailleurs, non, je n'ai pas forcément trouvé ce volume moins drôle que les précédents, mais il est vrai que les passages sur un ton plus grave sont davantage présents que dans les tomes précédents, notamment ce qui tourne autour de la quête d'identité de Daingue et de l'"héritage" de Probable. Disons donc simplement que le ton général est certes moins déjanté, mais toujours joyeusement et suffisamment décalé pour m'avoir fait sourire - voire rire - plus d'une fois!

Si les mages restent fidèles à eux-mêmes - comprenez par là que la menace de voir le nombre de repas dans la journée réduit à trois demeure leur principale motivation tout au long du récit - j'ai en revanche un peu regretté qu'ils ne soient pas sur le devant de la scène. Oh, ils ont un rôle suffisamment important, ce n'est pas le problème, mais ils s'effacent malheuresement un peu trop souvent à mon goût au profit des quatre nouveaux venus - Glenda, Juliette, Trevor Probable et Monsieur Daingue. Toutefois, j'ai trouvé ces nouvelles têtes fort sympathiques, entre le jeune et débrouillard Trevor, la nunuche mais adorable Juliette, et le trop-poli-trop-gentil-trop-éduqué Monsieur Daingue, à la fois mystérieux et délicieusement décalé dans cet univers, comme un majordome anglais qui aurait atterri on ne sait trop comment dans le Bronx. Mention spéciale également à l'irrésistible Glenda, jeune femme forte à forte tête, cuisinière hors pair et amie surprotectrice de Juliette, qui n'a pas sa langue dans sa poche. Une jolie brochette de personnages, dont j'ai beaucoup aimé suivre les relation et l'évolution, bien que l'absence des mages se soit parfois faite sentir.

Love Buds in the Night Kitchen, avec Daingue et Glenda (feat. Juliette et Trevor juste derrière)
[fanart par DoodlesandDaydreams]

Si je devais véritablement émettre un reproche, en fait, ce serait envers l'intrigue qui, je trouve, s'éparpille parfois un peu. L'histoire est déjà très diluée, et met donc un peu de temps à véritablement démarrer (encore que ce ne soit pas tout à fait un problème) mais surtout, énormément de choses sont brassées: la parodie du monde sportif, du monde de la mode pour Juliette, la quête d'identité de Daingue, les deux romances, entre autres, si bien qu'on perd parfois un peu de vue l'intrigue initiale. En fait, j'ai un peu l'impression que Pratchett a essayé de faire une sorte de "livre choral", et ce n'est pas si mal fait, mais voilà, dommage que ce soit du coup le sujet principal (le match organisé par l'Université) qui en pâtisse un peu. Heureusement que les autres thèmes sont plutôt bien gérés - je pense particulièrement à l'histoire autour de Daingue et aux deux romances (oui, oui, vous avez bien lu, moi, j'ai apprécié les romances) que j'ai trouvées crédibles dans leur évolution tout en étant pas trop envahissantes. 

Bilan des courses


Si j'ai trouvé ce tome légèrement en-dessous des autres, la faute notamment au trop grand nombre de thèmes abordés, il n'en est pas moins demeuré un régal à lire - comme d'habitude! - avec toujours cet humour caractéristique de l'auteur. Certains passages un peu plus graves répondent toutefois présents, mais ils sont plutôt bien gérés. Globalement, le tome est donc moins déjanté que les précédents, mais les mages sont là pour veiller au grain - et nous offrir une bonne tranche de poilade! - toujours aussi fidèles à eux-mêmes; et s'ils s'effacent un peu devant les quatre nouvelles têtes, j'ai trouvé celles-ci suffisamment sympathiques pour accepter de les suivre durant ces cinq-cents pages.


Note: contrairement à un certain Timbré par exemple, je recommanderais Allez les mages! davantage à ceux qui sont déjà familiers avec cet univers qu'aux néophytes qui voudraient découvrir la série.



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