dimanche 31 août 2014

Et hop! Nouveau bilan trimestriel [édition 02!]

Alors que le bôôô mois d'août s'achève, c'est l'heure d'un nouveau petit bilan! Pour une fois, on va éviter de tergiverser des heures, et entrer de plein pied dans le vif du sujet. Là. Maintenant. Tout de suite.

Ces trois derniers mois ont été marqués par une forte période d'inactivité, de près de deux mois. Et en effet, à part un article le 12 juin sur la vie, la mort et le reste (à savoir "La vie, la mort et le reste") et un autre le 3 août sur une éventuelle reprise du blog, il ne s'est pas passé grand-chose entre le 9 juin (date du dernier bilan) et le 17 août, date à laquelle j'ai vraiment repris le belogue. Si l'on regarde bien les dates des articles, il n'y a même eu aucun (absolument aucun!) article écrit en juillet!

A vrai dire, comme je l'avais déjà expliqué, en juillet-début août, grosse période de villégiature, comme disent les jeunes, et pas mal de choses ont été laissées de côté, dont Deadly Dull. Quant à juin, j'ai été pas mal occupé - future période de vacances obligeant - et résultat des courses, entre activités diverses, grosses fatigues, maladie et susrtout, suuuuurtout, flemmîte aiguë, ben, pas d'articles. Et puis, je n'avais pas grand-chose à dire, aussi.
En revanche, depuis deux semaines, en raison de mon retour et de beaucoup de temps libre, l'activité a considérablement augmenté, avec pas moins, ni plus d'ailleurs, de 7 articles, soit un article tous les deux jours. Il faut dire surtout que j'avais pas mal accumulé dans les cartons durant juillet, et puis je n'ai fait que peu de choses à côté, finalement. Les mois suivants ne seront sans doute pas aussi prolifiques, mais j'espère tout de même retourner à un rythme de publication assez régulier.

Résumons rapidement à quels articles vous avez eu durant ces trois derniers mois:

   Des petites réflexions inutiles: 
           → La vie, la mort et le reste

   Des trucs sur la vie du blog (et un peu la mienne, aussi): 
          → Et hop! un nouveau challenge!

   Du jeu vidéal, avec un nouveau type d'articles:
          Rendez-vous dans la PAJ d'Artalok (avec Morrowind, pour la première!)
          
   Et surtout, des lectures, tout plein de lectures:
          Le procès, de Franz Kafka


Les achats du trimestre:

Des mois riches (très riches!) en achats, qui se sont forcément accompagnés d'un petit rangement de la bibilitothèque Artalokienne. Des achats racontés en images, pour le plaisir (hum!) des yeux:

Achats de juin:
Que du mangasse, des suites, des suites, des suites. 'me suis pas trop foulé.

Achats de juillets (acquis d'occase au Québec!):
Parmi les achats, deux titres déjà lus auparavant, à savoir Eric et Geisha. Notez que Le mystère du labyrinthe a été lu rapidement, puisqu'il a fait l'objet d'une récente chronique.

Achats d'août (part one!):
Quelques suites, une découverte.

Achats d'août (part two!):

Une journée très prolifique (le 18 août!), où profitant de mon retour de vacances, mais aussi d'avoir économisé beaucoup d'argent au Québec, j'ai fait la tournée des librairies / magasins de JV / multimédia / occasions. Et du coup, j'ai bien enrichi mes étagères avec:


     Des jeux vidéal'z:
       → Silent Hill 2 (depuis le temps que je devais m'y mettre!)
       → Dante's Inferno
       → Les Parchemins des vioques 5: Bordeciel (l'était temps que je me lance aussi!)
       → Resident Evil: Rebirth
       → Resident Evil: Outbreak (est-ce que je vous ai déjà dit que j'étais un fan incontesté de Resident Evil?)



Des flims (qui ne sont pas sur le cyclimse) et autres dévédés:
→ Millenium Actress
→ NERDZ, saison 2 (trouvé d'occase à 6 euros! chouette! :) ) 

Des CD:
→ La Communauté de l'Anneau, OST
→ Le Retour du Roi, OST (voilà plusieurs années que j'avais "Les Deux Tours", il était temps que je complète!)



 

     Et enfin, du mangasse:

       → Nobles paysans, tome 1 (tout l'humour d'Hiromu Arakawa concentré en un tome!)
       → Saint Seiya: The Lost Canvas, tome 3
       → You're Under Arrest, tome 5
       → Gui, tomes 1 à 5 (une intégrale achetée d'occasion, et une totale découverte!)
       → Embryon Road, tomes 1 et 2 (totale découverte-bis!)






Le mot de la fin:

Bon ben voilà! Espérons que jusqu'au prochain bilan, le blog continue à tenir et être alimenté, que je trouve plein de lectures, de films et de jeux vidéos géniaux, et que j'arrive à ranger correctement ma bibliothèque, parce que là, vu comme c'est parti, j'aurai encore besoin de virer des trucs. Ça n'a rien à voir, mais je vais peut-être même essayer de réhabiliter les oeuvres d'art en fin d'article! Si c'est pas génial, ça! non? comment ça, non?
Sur ce, je vous laisse, je vous souhaite tout ce que vous voulez bien, et je vous dis à la prochaine!

Oh, et allez voir Le conte de la Princesse Kaguya, ce film est génial.
Oui, c'est un ordre, et non, vous n'avez pas le droit de refuser - puisque c'est un ordre.

samedi 30 août 2014

Celle qui devait disparaître, Janine Le Fauconnier


Médecin et détective à ses heures perdues, Sigfried Morel est engagé par Hélène de Kerennac. Persuadée qu'on a voulu attenter à sa vie, la vieille comtesse lui demande de trouver le coupable et de mettre fin à ses agissements avant qu'il ne récidive. Mais au milieu de cette famille aux fortes tensions, et sans indices à se mettre sous la dent, pas facile de trouver le fin mot de l'histoire...
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"Mais puisque je vous dis qu'il s'agit très certainement d'un membre de ma propre famille! Je ne veux pas mêler la police à mes affaires privées: il n'en est pas question." 


      Infos complémentaires:
      Auteur: Janine Le fauconnier (1975)
      Edition: Libraire des Champs-Elysées, collection Le Masque
      Nombre de pages: 188
   

Un manoir breton, une famille aux relations tendues, une tentative de meurtre... hop! Le décor est planté, et semble tout droit sorti d'une aventure de notre détective belge préféré! J'avais acquis ce bouquin pour quelques centimes seulement, réjouissant mon côté radin, lors d'une brocante, et depuis, il traînait dans ma PAL. Je m'y suis enfin mis la semaine dernière, et re-hop! en à peine deux jours, la lecture était bouclée. Autant vous le dire tout de suite: si j'ai trouvé l'histoire sympathique, elle sera toutefois vite oubliée.

Des airs de "Petits meurtres d'Agatha Christie" avant l'heure!
Ça reste bien écrit, un peu dans le style d'Agatha Christie. (les personnages, la façon de les présenter et leurs relations m'y ont fait penser, en tout cas) Quoique parfois un chouïa "naïf", ai-je trouvé, mais ça se lit vite et agréablement. Janine Le fauconnier parvient à maîtriser sa plume, et ça fait plaisir.
Le principal reproche que je pourrais adresser, en fait, c'est que tout se déroule finalement très rapidement, et l'on a ni vraiment le temps de s'intéresser et s'attacher aux personnages, ni de véritablement examiner tous les éléments aux côtés de Morel. En fait, puisqu'on est directement plongés dans le bain, étant donné que le "crime" a déjà eu lieu, Morel se contente d'interroger les suspects, de chercher (mais pas beaucoup) des indices et à discuter théories du complot avec la vieille Kerennac. J'aurais tellement aimé que les choses soient davantage fouillées, développées, que notre détective passe du temps au manoir, converse simplement du beau temps avec les membres de la famille, mais aussi cherche vraiment des indices, avec quelques descriptions à l'appui.
En fait, puisqu'on en vient à Morel, il se montre un peu "intriguant", mais pas dans le bon sens du terme... Mais que lui a appris son expérience, enfin? Sincèrement, pour un détective, qui a déjà résolu quelques affaires, on se serait attendu à mieux, et on se demande pourquoi il est autant dans la panade!  L'histoire n'est pourtant pas si compliquée!

Un chouette manoir breton! Vu que le livre
est avare en descriptions, je me plante moi-même mon
décor. (ici, le manoir de la Fresnaye, dans le Morbihan)
Du côté de l'enquête, si elle se révèle ingénieuse sur certains points, il n'y a en revanche pas eu de réelle surprise - pas pour moi, en tout cas. Car étant donné la manière dont se déroulent les choses, je n'ai pas eu beaucoup de mal à rapidement suspecter l'identité du véritable "assassin", même si je dois bien reconnaître que sa dernière "tentative" était audacieuse et m'a fait douter. J'ai même frôlé la grosse déception lorsque le journal a été découvert, avant d'être rassuré en comprenant qu'il ne s'agissait que d'une énième mise en scène de l'"assassin" destinée à nous laisser sur la fausse piste!
[semi-spoil, sans nom ou quoi, mais spoil quand même. Le spoil, c'est mal.] [  Je dois dire que j'ai trouvé ce faux coup de théâtre est même plutôt bien mis en scène, puisqu'il intervient pratiquement à la fin du roman, et que logiquement il ne nous reste plus qu'à aller chercher le coupable désigné et conclure; il n'y a plus suffisamment de pages pour repartir à la recherche d'indices. Erreur de jugement, puisque le coupable est en fait déjà connu par le détective, et qu'il n'a plus qu'à nous expliquer le pourquoi du comment, preuve supplémentaire à l'appui.  ] [fin du semi-spoil]

M'enfin, je me trouve un peu dur avec cette histoire. Certes, l'enquête n'est pas si poussée que ça, et Morel, s'il a bien résolu le problème, reste toutefois un piètre détective. Et puis, il manque à mes yeux tellement de développement, à tous les niveaux! Mais ça se lit aisément, et même si c'est assez court, les relations, l'affaire et les personnages nous sont simplement mais suffisamment présentés. En tout cas, j'ai passé un bon moment.
Pas un livre mémorable, donc, loin de là, mais divertissant. Et pour à peine 200 pages de lecture (et écrit gros, en plus) , ça m'a amplement suffi!

Kerennac n'existe pas, en revanche, Carennac si, et c'est très
joli! (Par contre, c'est pas Bretagne, mais dans le Lot...)

jeudi 28 août 2014

Le mystère du labyrinthe, de Robert van Gulik: lecture, casse-tête chinois et thé au jasmin avec le Juge Ti.

"Des prunes empoisonnées, un énigmatique rouleau de peinture, des lettres d'amour passionnées, et un mystérieux meurtrier avec un penchant pour torturer puis assassiner les jeunes femmes conduisent le Juge Ti au coeur du labyrinthe caché du Gouverneur afin de démêler trois mystères étrangement liés. "Le mystère du labyrinthe" constitue la première tentative de Robert Van Gulik d'écrire un roman à suspense, après le succès de "Dee Gong An" [aka "Trois affaires criminelles résolues par le juge Ti" chez nous] la traduction qu'il avait effectuée d'un roman policier chinois anonyme du sixième siècle."
(quatrième de couverture des  éditions anglophones)
(traduction par mes soins, du coup ça vaut ce que ça vaut)
      Infos complémentaires:
      Série: Le Juge Ti
      Auteur: Robert Van Gulik
      Titre original: The Chinese Maze Murder (1951)
      Traduction par Anne Dechanet et Jos Simons
      Edition: 10/18 - Grands détectives
      Nombre de pages: 340


L'auteur, Robert van Gulik (avec un gibbon! :coeur: )
C'est toujours avec un plaisir non feint que je retrouve le Juge Ti et ses lieutenants pour de nouvelles intrigues au coeur de la Chine des T'ang. Si les enquêtes sont loin d'être toutes au même niveau, il y a en revanche à chaque fois le plaisir de lecture qu'accompagne une nouvelle aventure en leur compagnie. Un peu comme lorsqu'on se régale des vacances à la plage d'un Hercule Poirot atteint d'une intoxication alimentaire, sans forcément se concentrer exclusivement sur l'investigation. (bon, en fait, la comparaison avec Agatha Christie et son détective belge s'arrête là) 

Dans ce tome, nous retrouvons notre fameux juge et toute sa clique, en route pour Lan-Fang, le district dont notre magistrat préféré a fraîchement reçu la charge. Après une attaque de brigands, rapidement mis en échec, la petite troupe arrive finalement en ville, où la situation est plutôt critique. En effet, Tsien Mo, un chef de guerre local, tyrannise la région depuis plusieurs années, sans rencontrer aucune opposition de la part des magistrats précédents. Le Juge Ti aura donc fort à faire, afin de rétablir la situation, mais aussi pour démêler les nouveaux problèmes qui se posent bientôt à lui.
Sans en dévoiler davantage pour ne pas vous spoiler outre mesure, disons qu'il est question d'une jeune fille disparue, de plans d'invasions barbares, d'un meurtre en chambre close, mais aussi d'un héritier peu scrupuleux, d'un testament caché et "surtout" d'un labyrinthe. Le tout pour un cocktail un peu inégal, mais globalement plutôt bon.
Je précise tout de suite que je mets des guillemets à "surtout" car il me semble indispensable de préciser que bien qu'il soit en tête d'affiche, le labyrinthe occupe finalement un rôle plutôt secondaire. Comme c'est d'ailleurs le cas avec pas mal de titres de la série, puisqu'il faut bien privilégier une enquête sur les trois proposées. Néanmoins, évoquer la situation de la ville - un chef de guerre règne en tyran sur la ville depuis des années; le Juge Ti s'oppose à lui et répare les dégats - m'aurait semblé plus pertinent. Mais bon, soit!

Quelques-unes des couvertures des éditions anglophones. Etonnemment, certaines 
des illustrations de van Gulik semblent manquer à l'appel chez nous.

Pour en revenir au contexte initial, si je l'ai trouvé intéressant et prometteur, il m'a en revanche paru défait, certes avec adresse, mais un peu trop rapidement par le juge - bien que ce "fil rouge" repointe le bout de son nez au cours de la dernière partie, lors d'un lever de rideau sur la véritable identité de l'un des personnages, un coup de théâtre bienvenu et que j'ai apprécié. Malgré cela, j'ai tout de même l'impression que l'on aurait pu aller plus loin dans cette optique. Certes, Ti, en magistrat intègre qui se respecte, se devait de régler l'affaire rapidement en neutralisant Tsien Mo, afin que le récit puisse se tourner vers les trois affaires criminelles proposées. Mais ne pouvait-on envisager que Tsien Mo et son mystérieux conseiller, ou tout du moins la situation que leur tyrannie a engendrée, ne mettent davantage de bâtons dans les roues du Juge? Car au final, même si cela est expliqué dans le contexte*, les trois enquêtes - au début du moins! - semblent complètement indépendantes de ce "scénario" initial. Et c'est bien dommage. Du coup, j'ai eu le sentiment regrettable que la situation de départ, pourtant fort prometteuse, n'a pas été suffisamment exploitée. [spoil. Le Spoil, c'est Mal. Même Sauron ne peut rien contre le Spoil.] De même que la menace que représentent le complot de Yu et la potentielle invasion Ouigour, en fait, qui  ne paraissent finalement jamais être de vraies... ben menaces, justement. Même si, encore une fois, ces évènements constituent de bons retournements de situation. [fin du spoil. Le Spoil tue des oisillons dans leur nid. Et ça, c'est pas bien.]***
Au niveau des enquêtes en elles-mêmes, en revanche, j'ai trouvé les développements très intéressants, et je trouve que l'enchaînement des évènements se fait de manière assez naturelle - contrairement par exemple à un tome comme Le squelette sous cloche, où l'on passe parfois d'une enquête à l'autre sans
Le magistrat Ti Jen-tsie
réelle transition. En ce sens, avoir lié les enquêtes comme il est fait ici est à mes yeux une très bonne idée, qui ajoute plus de rythme au récit, mais aussi de naturel. J'ai tout de même préféré l'histoire autour du testament Yu, avec ses nombreux rebondissements (même si le message caché par la peinture me paraît un peu tiré par les cheveux) et les passages ayant lieu dans la propriété de campagne du gouverneur et le fameux labyrinthe - bien qu'au final, toutes les histoires soient liées entre elles, et que le fil rouge se révèle finalement riche encore de quelques surprises.
Bon, juste un truc par contre. Ça semble évident dit comme ça, mais faites gaffe à bien commencer par le commencement. Nan, parce qu'on m'apprendra à avoir voulu lire la postface avant d'avoir terminé le roman! Résultat des courses: j'ai eu la solution d'une des énigmes avant même qu'on foute les pieds chez la victime! J'ai retenu la leçon du coup.****

Si le juge Ti reste pas mal dans son bureau pour réfléchir, mettant parfois le pied dehors pour aller cuisiner un suspect autour d'une tasse de thé sous couvert de visite de courtoisie, pour les besoins de l'enquête, Ma Jong, Tao Gan et Tsiao Taï n'hésitent pas à aller s'infiltrer en "territoire ennemi", nous offrant un peu d'action bienvenue. Ma Jong va d'ailleurs se révéler astucieux et un peu touchant, lorsqu'il se lie d'affection pour une jeune prostituée Ouigour ou même pour Orchidée Noire, forte tête intrépide, fille du chef des sbires du tribunal, et qui n'hésite pas non plus à remplir des missions pour le juge lorsque celui-ci lui demande. Un nouveau personnage que j'ai apprécié donc, d'autant qu'elle joue un rôle important dans le dernier acte. Son père, Fang, ancien forgeron, recruté rapidement et provisoirement sur place, ne m'a pas non plus laissé indifférent. J'ai beaucoup aimé ce père attentionné, honnête et inquiet pour ses enfants, avec pour seul souci leur bien-être. Tsiao Taï lui aussi a su se montrer touchant, et dans ce tome, on en apprend un peu plus sur son mystérieux passé.
Finalement, parmi les têtes connues, je regrette un peu que le sergent Hong et Tao Gan se soient fait très discrets. Ce problème vient sans doute du fait que ce n'est pas le premier "Juge Ti" que je lis. De son côté, le juge lui-même m'a paru un peu cruel (mais n'est-ce pas finalement la faute au récit lui-même?) sur la fin, quant à son attitude vis-à-vis du fils Ting. Il se rattrape cependant un peu sur la fin, lorsque dégoûté par les exécutions des condamnés, il part chercher la sérénité par le biais d'une petite "balade" en montagne.
Globalement donc, des hauts et des bas concernant les personnages. Si certains se montrent attachants, certaines têtes connues, pourtant bras droits du juge, sont étonnament effacées.

Le juge Ti à son bureau,
en compagnie du sergent Hong.
Au niveau de la plume, c'est toujours aussi aisé et agréable à lire. Ou "déjà", devrais-je plutôt dire, étant donné qu'il s'agit du premier tome publié par Van Gulik. (mais second en ordre d'écriture, juste derrière un premier jet du Squelette sous clocheOn retrouve déjà tous les éléments qui feront l'essence-même de la série, à savoir une aventure "dans le style des anciens romans policiers chinois" (dixit Van Gulik lui-même) composée de trois enquêtes distinctes donc, avec le magistrat du district comme détective, et émaillée de poèmes et autres réflexions typiques des vieux sages barbus aux yeux bridés qu'on rencontre dans les films des années 80. Tant que j'y suis, sachez qu'il y a même un vieil ermite de ce type dans Le mystère du labyrinthe, et qu'il aura tôt fait de remettre le Juge Ti à sa place. Rien que pour ça, ça vaut le détour!
En revanche, si c'est un livre qui vous permettrait explicitement d'en savoir plus sur l'Histoire de la Chine que vous cherchez, vous pouvez passer votre chemin: si on est plongé en plein durant la période de la dynastie T'ang, il n'y a que peu de descriptions. Et c'est fort compréhensible: après tout, le roman suit l'art et la manière de ces "romans policiers chinois anciens", qui s'adressaient vraisemblablement à un public chinois, donc déjà familier des us et coutumes, entre autres. Comme je l'écrivais justement la dernière fois: "qui a besoin de décrire Paris aux français?"***** En fait, dites-vous plutôt que c'est comme un voyage à l'étranger, où vous allez vous retrouver à baigner dans une culture différente, sans pokédex pour tout vous expliquer à tout bout de champ. Et bien moi, même si davantages de scènes de la vie quotidienne n'auraient pas été de trop, j'aime ça. Non seulement parce que ça ne casse pas le rythme, mais en plus parce que finalement, c'est comme ça qu'on en apprend le plus. Si, si, croyez-moi.

Le mot de la fin:


Si comme d'habitude, j'ai beaucoup aimé retrouver le juge Ti et sa clique pour une nouvelle aventure, ce tome souffre néanmoins de quelques défauts qui m'ont un peu gâché le plaisir de la lecture. Il faut nottamment citer un canevas de départ très intéressant mais malheureusement insuffisamment exploité à mon goût, certains personnages importants laissés de côté, et un léger manque de développement soit de certains autres personnages, soit de certaines sous-intrigues. Il ne faudrait toutefois pas nier ses qualités: on peut citer la plume de Van Gulik, l'ingéniosité de certaines énigmes, quelques très bons personnages, un fil rouge intéressant, des enquêtes intéressantes. Au final, si j'ai apprécié ce tome, le plaçant au-dessus du Squelette sous cloche (oui, encore lui!) ce tome est cependant loin d'être l'un de mes préférés. Reste que malgré tout, il demeure un livre que j'ai lu avec grand plaisir. Et au fond, n'est-ce pas cela le plus important?

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Quelques citations mûrement choisies (ft. le vieux 
sage chinois qui squatte tous les films des années 80)

"Lorsqu’un arbre porte une branche pourrie, le jardinier la coupe pour sauver la vie de l’arbre."
"Il n’existe pas meilleure source de renseignements sur ce qu’il se passe dans une maison que les bavardages des domestiques." 
"Avez-vous jamais vu quelqu’un essayer de planter un bâton dans l’eau courante d’un ruisseau de montagne ? Le bâton restera debout un instant puis il sera emporté par le mouvement éternel de l’eau. C’est ainsi que parfois des ignorants ou des pervers essaient de détruire l’ordre sacré de notre société. Mais il est clair comme l’eau de source que de telles tentatives sont vouées irrémédiablement à l’échec ! "
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Un Robert van Gulik (auj. éteint): d'origine néerlandaise, diplomate
et auteur reconnu, illustrateur, 
gros consommateur de cigares; joue du luth chinois 
traditionnel, parle couramment l'anglais, le chinois, le japonais, et même le latin. 
(Là, tu dis Respect.)
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*Il est clairement expliqué que les protagonistes des différentes affaires, étant issus du "haut du panier social",   n'ont pas souffert de la tyrannie de Tsien Mo. En fait, ce dernier aurait même cherché à faire en sorte qu'ils puissent continuer à vivre "comme avant", afin de ne pas aller se plaindre en haut-lieu (c-à-d, auprès de l'Empereur Himself** ou de ses copains. Ouais, parce que c'est bien gentil la tyrannie, mais faut pas déconner non plus.)
**Pour les éventuels débiles, je tiens à préciser qu'"Himself" n'est pas le nom de l'Empereur. Merci.
***D'accord, c'était du petit spoil. Mais du spoil quand même, alors faites pas les malins. De toute façon, Morgoth veille au grain.
****Quand je vous disais que le Spoil, c'est le Mal absolu!
*****Oui, je m'auto-cite. Et non, je vous remercie de vous inquiéter, mais mes chevilles se portent à merveille.
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vendredi 22 août 2014

Lecture: Testament à l'anglaise, de Jonathan Coe (thé de rigueur!)

"Michael Owen, un jeune homme dépressif et agoraphobe, a été chargé par la vieille Tabitha Winshaw d'écrire la chronique de cette illustre famille. Cette dynastie se taille en effet la part du lion dans tous les domaines de la vie publique de l'Angleterre des années quatre-vingt, profitant sans vergogne de ses attributions et de ses relations...
Et si la tante Tabitha disait vrai? Si les tragédies familiales jamais élucidées étaient en fait des crimes maquillés? Par une nuit d'orage, alors que tous sont réunis au vieux manoir de Winshaw Towers, la vérité éclatera..."


      Infos complémentaires:
      Auteur: Jonathan Coe 
      Titre original: What a carve up! (1994)
      Traduction par Jean Pavans
      Edition: Folio (1995)
      Nombre de pages: 680



Si lorsqu'on parle la haute société britannique, on a souvent en tête le gentleman très smart en complet-veston évoquant le mauvais temps du jour, un verre de scotch à la main (bien évidemment servi par un vieux Winston en queue-de-pie) alors que les allemands sont en train de bombarder Londres, on pense moins souvent au richissime crapuleux qui n'hésiterait pas à sacrifier femme et enfant pour assouvir son ambition, alors qu'il contrôle déjà la moitié du pays - l'autre partie étant détenue par son frère, dont il héritera de toute façon à la mort accidentelle de celui-ci, planifiée lors de son prochain départ en vacances aux Maldives.
C'est exactement ce genre de personnages que nous donne à rencontrer Jonathan Coe dans Testament à l'anglaise. Entre magouilles politiques, capitalisme sauvage, scandales diffamatoires et malversations des plus primaires, les membres de la famille Winshaw font montre des pires travers de l'être humain. S'ils m'ont parfois semblé un peu caricaturaux (je me souviendrai toujours de Mark qui, alors qu'on vient lui apprendre la mort de sa femme dans un accident de voiture le lendemain de leur mariage, s'informe avec inquiétude de l'état du véhicule) les différents portraits dépeints sont en revanche suffisamment hauts en couleur. J'avoue avoir adoré détester ces personnages odieux en tout points! Ce qui a grandement été aidé par l'humour omniprésent, une ironie mordante so british dont l'auteur fait preuve du début à la fin, et qui par moments fait paraître les différents portraits tous droits sortis d'un roman d'Agatha Christie!

L'auteur, Jonathan Coe.

Certains s'étonneront de la longueur du bouquin: en effet, 680 pages, cela pourrait sembler long, mais le récurrent changement de narration, d'ambiance et de points de vue dynamisent la lecture - et au final, on se dit que les 680 pages n'étaient peut-être pas de trop. On alterne en effet entre chroniques consacrées chacune à un membre de la famille Winshaw - l'occasion d'exploiter différentes techniques de narration entre extraits de journal intime et faux articles de presse - et chapitres narrés par Michael Owen, plus personnels donc, concernant la période de rédaction du livre commandé par la tante Tabitha. L'occasion d'en découvrir plus sur notre "héros", mais aussi de commencer à rassembler les différents éléments collectés, à les lier peu à peu entre eux.
Ainsi, toutes les pièces du puzzle prennent place au cours des 500 "premières" pages, avant de s'assembler au cours de la dernière partie - celle que, avouons-le, l'on attendait tous. Le tout pour un final en feu d'artifice, façon règlement de comptes à la Dix petits nègres (d'ailleurs cité à la fin comme référence), et qui est, disons-le franchement, purement joussif!

Le fameux passage du film What a Carve Up! (1961) qui donne son titre au
roman en VO, est cité régulièrement par Michael, lequel en est devenu obsédé,
et inspire largement la dernière partie du livre.

Si j'avais quelque chose à reprocher au livre, je dirais peut-être le sentimentalisme trop présent à mon goûtdans les chapitres narrés par Owen, qui sans être non plus excessif, m'a paru déteindre un peu avec le ton abordé tout au cours du récit. Je n'y ai pas été totalement indifférent, loin de là - certains passages sont très forts émotionellement - mais bon, c'est loin d'être ce que je cherche dans ce type de romans. Néanmoins, ces passages sont une pause bienvenue, entre deux portraits de Winshaw sans scrupules, et renforcent le côté humain de Michael Owen, comparé à cette famille  de crapules sans coeur et sans âme.
A noter aussi que la quatrième de couverture peut paraître trompeuse, en tout cas elle l'a été pour moi. Je m'attendais entre autres, bien que le résumé n'évoque jamais rien de tel, à une partie "enquête" plus poussée. Et surtout, à une véritable plongée dans l'histoire de la famille, ses secrets, ses non-dits, afin d'en tirer la solution des "tragédies familiales jamais élucidées", ces "crimes maquillés" qu'évoque la "bande-annonce" de couverture. Une sorte d'enquête à la Hercule Poirot, somme toute. Le résultat, s'il diffère de mes attentes, n'est toutefois pas déplaisant.

Le mot de la fin


Jonathan Coe nous livre ici une satire politique et sociale d'une ironie mordante. Des personnages délicieusement détestables, un final en apothéose, un humour so british omniprésent, mais aussi quelques moments forts en émotion, le tout pour une lecture que je ne suis pas prêt d'oublier. Un régal! (et de surcroît, un véritable coup de coeur!)

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Quelques citations mûrement choisies:
"Laissez-moi vous donner un avertissement sur ma famille, au cas où vous ne l'auriez pas encore deviné, dit-il enfin. C'est la pire bande de salauds, de rapaces, de voleurs, d'escrocs, de traîtres, de criminels, qui ait jamais rampé sur le sol terrestre. Et j'y inclus mes propres rejetons."
"Nous devons nous débarrasse de cette idée enfantine selon laquelle les gens peuvent être motivés par autre chose que l'argent. Si jamais je dois participer à ce spectacle, j'aurai besoin d'être sûr d'avoir des collaborateurs qui ont des raison pour faire de leur mieux." 
"Poignardé dans le dos, hein? dit sèchement Hilary. C'est bien approprié. Est-ce que cela veut dire que Mrs Thatcher est quelque part dans la maison?" 
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mardi 19 août 2014

Pause jus de pomme-lecture: La Compagnie noire, de Glen Cook

"Depuis des siècles, les souvenirs de la Compagnie noire sont consignés dans les présentes annales. Depuis des siècles, la troupe se loue au plus offrant, et les batailles qu'elle a livrées ont déjà rempli maints volumes. Jamais pourtant elle n'aura traversé de période aussi trouble. Entrée au service de la Dame et de ses sorciers, la Compagnie participe à l'une des plus sanglantes campagnes de son histoire. Les combats incessants, la magie noire qui empuantit l'air... bientôt les hommes tombent comme des mouches, et ceux qui restent debout se demandent s'ils ont choisi le bon camp. Ce sont des mercenaires dépravés, violents et ignares, sans foi ni loi, mais même eux peuvent avoir peur, très peur..."

   
      Infos complémentaires:
      Série: Les Annales de la Compagnie Noire (I)
      Auteur: Glen Cook 
      Titre original: The Black Company (1984)
      Traduction par Patrick Couton
      Edition: J'ai lu SF (2004)
      Nombre de pages: 380



En matière de dark fantasy - et même à vrai dire, de fantasy tout court - le cycle des Annales de la Compagnie Noire passe depuis longtemps pour une référence, pour le traitement original de son écriture et de son intrigue. Après en avoir lu et entendu nombre d'éloges, j'ai fini par décider de m'y coller, il y a de ça quelques années, alors que je cherchais justement à satisfaire mon appétit de fantasy. Il m'a pourtant fallu attendre, ne parvenant pas à trouver le premier tome*, et c'est il y a seulement quelques mois que j'ai finalement réussi à lui mettre le grappin dessus. 
Après autant de patience, j'aurais dû sauter sur le livre et le dévorer avec apétit, mais à cause d'une période très chargée, lourde en stresse et "boulot", ma lecture s'est trouvée prolongée sur près d'un mois et demi - de juin à mi-juillet! Ce ralentissement et mes préoccupations d'alors ont peut-être joué un rôle sur mon ressenti final, mais c'est très souvent - toujours? - le cas (vous savez, l'inconscient, et toutes ces bêtises...). Toujours est-il que le bouquin, je l'ai lu, aussi, il est inutile de tergiverser plus longtemps. 


Dans ce premier tome des Annales de la Compagnie noire, nous faisons donc connaissance avec la dite compagnie, une troupe de mercenaires au service du syndic dirigeant la cité de Béryl. Une ville qui n'a pas grand-chose à envier au Quartier des Ombres d'Ankh-Morpok, si vous voyez ce que je veux dire. Mais, alors que l'on commence tout juste à se familiariser avec le lieu, des troubles surviennent, et la Compagnie, trahissant le contrat qui la lie à Béryl pour un autre plus alléchant, se retrouve au service de la Dame et de ses dix Asservis. Des êtres surnaturels, dotés de puissants pouvoirs qui recommencent à sévir dans le Nord, après un sommeil forcé de plusieurs siècles, et rencontrent une farouche opposition. En effet, soucieuse de reconquérir ses terres, la Dame a vu se soulever contre elle une armée de rebelles. Dans cette campagne longue et fastidieuse, elle a donc requiert l'aide de la Compagnie. Mais la crise s'étend jusqu'au sein même de son entourage, puisque certains des Immortels semblent prêts à la trahir pour rejoindre un camp plus prometteur.

On peut dire en tout cas que c'est de la dark fantasy pure et dure. L'ambiance y est suffisamment sombre pour que le livre puisse y prétendre: niveau combats violents, coups bas, trahison et magie noire, dans ce premier tome, avec une touche d'humour pour alléger le tout, j'ai été bien servi! L'univers est également loin d'être manichéen, et les notions de Bien et de Mal se trouvent souvent remises en question. Les personnages eux-mêmes, à commencer par la troupe, sont aussi bien loin des idéaux de vertu traditionnels, même si quelques membres, dont le narrateur, Toubib (le médecin, pour ceux qui en doutaient), font preuve d'un semblant de conscience morale - surtout Toubib, à vrai dire. La Dame et les Asservis eux-mêmes, bien que n'hésitant pas à se montrer horribles dans leurs actes (mais ils ont une excuse, ils sont surpuissants ET maudits) n'en restent pas moins des êtres humains, avec leurs ambitions, leurs sentiments - souvent atrophiés - leurs qualités et leurs défauts. De toute manière, les membres de la troupe ne sont pas blancs comme neige non plus, pas plus que les rebelles, qui au contraire des autres restent assez manichéens dans leur attitude vis-à-vis de la Dame et de ses partisans. (c'est elle la méchante et eux les gentils!)

Une illustration bien sympa de Toubib.
Je le voyais quand même moins vieux.
Si l'aspect dark fantasy du roman m'a plu, en revanche, j'ai eu un peu plus de mal avec l'écriture. Glen Cook a pris le parti d'écrire son oeuvre comme les "véritables" annales de la compagnie, ainsi rédigées à la première personne par l'un des membres de la troupe, à savoir ici Toubib. De ce fait, on a une vision assez subjective des évènements, et les ellipses ne sont pas rares, comme dans un journal de bord où l'on omet généralement les faits peu marquants pour se concentrer plus en détail sur les autres. Le style un peu rugueux quant à lui, reflète bien à mes yeux le côté dark fantasy du roman. Mais l'originalité de l'écriture de Glen Cook réside également dans l'absence quasi-totale de descriptions, au sein d'un genre qui d'habitude ne s'en prive pas. Après tout, le narrateur est censé déjà connaître les personnages qui l'entourent, de même que les différents lieux qu'ils parcourent - qui a besoin de décrire Paris aux français?
Pour les personnages, cela ne m'a pas tellement dérangé - rien de tel que de les voir en action pour s'en faire une opinion. Pour les lieux, un peu plus. J'ai ainsi souvent eu du mal à m'y retrouver, à situer tel ou tel endroit par rapport à tel autre, bringuebalé d'un bout à l'autre de la carte tel la Compagnie.

Sans doute à cause de ce choix de narration (zero description et ellipses importantes en tête), j'ai également trouvé le récit un peu confus au début. Il faut dire que j'étais un peu en manque de repères, et j'aurais bien été incapable de décrire avec précision l'enchaînement des évènement du premier chapitre. (oui, oui, à ce point!) En fait, il m'aura fallu attendre la poursuite du Boîteux, l'un des Immortels renégats, pour que je commence à vraiment accrocher - après pratiquement 120 pages, tout de même!

Pour en revenir à la narration, il me paraît intéressant de rappeler qu'étant laissée aux mains d'un des membres de la Compagnie, elle est subjective. De ce fait, le narrateur se concentre davantage sur les évènements qu'il a vécus et qui l'ont marqué.  Toubib, en tant que médecin, ne participe pas aux combats, du moins pas directement, mais il n'hésite jamais à prendre volontairement part aux missions confiées par la Dame, (et heureusement pour nous, sinon, il n'y aurait pas grand-chose à lire!) et qui concernent souvent l'élimination des Asservis soupçonnés de trahison.
Ce premier tome se concentre ainsi davantage sur la lutte contre les Asservis dissidents, passant sous silence
Sur celle-ci, on reconnaît bien le Capitaine!
nombre d'autres combats, voyages et sièges, ce qui là encore m'a parfois un peu destabilisé, et, je dois dire, gâché l'immersion. On peut ainsi se retrouver d'une ville enneigée à un camp, dans une région à l'autre bout du pays, et quelques semaines plus tard, en quelques lignes à peine - parfois même sans transition. Ces ellipses importantes sont certes un choix de l'auteur, mais j'ai trouvé cela, au début du moins, assez gênant. 
En revanche, un point que j'ai trouvé très intéressant avec certaines de ces ellipses, c'est qu'elles permettent de relativiser les "victoires" de la Compagnie. En effet, même après une mission réussie par quelques membres de la troupe, une victoire dans un combat, ou un supposé dissident éliminé, il n'est pas rare qu'au paragraphe suivant, on retrouve notre bande de mercenaires sur les routes, en pleine fuite à cause d'une défaite des armées de la Dame. Ce qui nous rappelle qu'au fond, nos "héros" sont des humains comme les autres, noyés au sein de la multitude des hommes et que leurs actions peuvent n'avoir aucune influence directe sur la suite des évènements. En ce sens, c'est très différent de la high ou de l'heroic fantasy, où les choix et les actions d'un seul héros décident de l'avenir du monde. (en gros, pour reprendre une fameuse expression, ce n'est pas parce qu'une bataille est gagnée que la guerre l'est)
Je ne sais pas si c'est très clair, mais en tout cas, c'est comme ça que j'aime à l'interpréter.

Pour terminer sur un point positif, j'aimerais citer les personnages, qui sont clairement pour moi l'un des points forts de ce volume. Même au sein de la troupe, tous ne m'ont pas marqué - les âneries de Gobelin et Qu'un-Oeil, les deux sorcier, m'ont laissé plutôt indifférent. Mais ceux que j'ai appréciés ont largement contribué au ressenti positif globale que j'ai eue de La Compagnie noire. Ainsi, je me suis beaucoup attaché au personnage de Toubib, le médecin-narrateur au coeur trop tendre, humaniste, un peu rêveur et poète à ses heures perdues, qui fait vraiment décalé au milieu de ses compagnons, disons, plus... rudes! Au sein de la Compagnie, j'ai aussi su apprécier le blasé mais sympathique Lieutenant, le bougon Elmo, le froid et solitaire Corbeau, finalement plus sentimental qu'il n'y paraît.
Du côté des Asservis, s'ils m'ont globalement un peu déçus, car défaits trop facilement/rapidement à mon goût pour des êtres de cette trempe, ou disparus trop vite pour qu'on j'ait pu les découvrir réellement, quelques-uns ont toutefois toute ma sympathie. Nottamment le taciturne Transformeur. Le mystérieux Volesprit, à l'humeur changeante qui fait office d'émissaire de la Dame auprès de la troupe, l'accompagnant à maintes reprises lors de missions, et allant jusqu'à ouvrir - parfois - son coeur à Toubib, m'a également beaucoup plu. De même que la Dame en personne, cette sombre femme, glaciale mais élégante, terrifiante mais superbe, qui n'hésite pas à éliminer sa propre soeur et évincer son mari pour assouvir ses ambitions.
En résumé, une bien belle brochette de personnages hétéroclites pour ce premier tome!

En cherchant un peu, on peut trouver tout un tas de chouettes artworks
 sur le thème de la Compagnie noire!

Le mot de la fin


Le bilan de ce premier tome des Annales est un peu mitigé - mais tendant vers le positif, tout de même. Alors oui, comme je l'ai souvent entendu ou lu, c'est différent de ce qu'on trouve habituellement en fantasy, mais sans doute pas autant que je l'avais imaginé. Peut-être parce que nombre d'auteurs sont aussi passés par là, depuis, même si ça fait du bien de temps en temps d'avoir les bad guys du côté des personnages principaux. Niveau dark fantasy en tout cas, ce roman a tous les éléments de son côté, entre trahisons, magie noire, ketchup à tous bouts de champs, et absence de tout manichéisme. Cet aspect-là, et une galerie de personnages que j'ai trouvé très intéressants, j'ai beaucoup apprécié, je dois dire. En revanche, Je n'ai pas été vraiment sensible à l'humour du livre, même s'il était nécessaire je pense pour alléger le tout. J'ai également eu du mal avec le type de narration choisi, nottamment avec un début que j'ai trouvé assez confus.   J'ai tout de même sur la fin beaucoup plus accroché, et nul doute que je lirai la suite avec plaisir - elle m'attend d'ailleurs déjà dans ma bibilitothèque! Malgré un ressenti mitigé, un bon cru, donc. A lire, même s'il lui manque toujours à mes yeux un petit quelque chose pour le faire passer au rang de titre véritablement incontournable.
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Et hop, déjà une première participation pour le Challenge Dark Fantasy, organisé par Zina!


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*Les commandes Internet, c'est pour les faibles ou les jeux vidéos.**
**Je dis ça, mais en fait j'aime bien de temps en temps recevoir un beau petit livre longtemps attendu par la poste. Ça a des allures de cadeau, et puis, ça fait toujours plaisir de recevoir dans sa boîte aux lettres quelque chose qui n'est pas une facture ou de la publicité pour la boucherie du coin.
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lundi 18 août 2014

Rendez-vous (soft!) dans la PAJ d'Artalok! - [01]

(Avouez, c'est plutôt classe, non?)

En tant que "livro-blogueur" (enfin, pas que, mais zut) je suis désormais - mais juste un peu - familier avec les us et coutumes de cette partie de la toile. Un type d'articles que l'on retrouve souvent est ce qu'on pourrait appeler un "rendez-vous avec la PAL" - la "Pile à Lire" des livro-blogueurs. Le blogueur choisit un  livre de sa PAL, le présente, et en parle ainsi dans un petit article. 
Comme je ne suis pas seulement un lecteur, mais aussi un "jeu-vidéeux" à mes heures perdues, j'ai décidé d'adapter un peu le concept à ma sauce. Ce n'est donc pas un rendez-vous avec ma PAL que je vous propose aujourd'hui, mais un rendez-vous avec ma PAJ, ou Pile à Jouer, si vous préférez! Si ça, c'est pas merveilleux!

Pour ce premier article, je vous ai choisi Morrowind (2002), le troisième épisode de la série mondialement connue des The Elder Scrolls. Encensé par la critique à l'époque de sa sortie, et encore considéré aujourd'hui par beaucoup comme le meilleur de la série, il plonge le joueur dans les terres de l'île de Vvanderfell, territoire marécageux et volcanique de la province de Morrowind. Comme dans tout bon TES qui se respecte, le joueur peut errer sur la carte à sa guise, effectuer des centaines de quêtes auprès de nombreux PNJ, voire laisser de côté la quête principale autant qu'il le souhaite. Une liberté de jeu immense, donc, au sein d'un univers médiéval-fantastique aux accents de steampunk.


Après des années de jeu passées sur Oblivion, forcément, j'avais envie de changer un peu de "Elder Scrolls", surtout qu'entretemps, tout le monde était passé à Skyrim. Comme ma configuration ne me permettait pas de jouer les guerriers Vikings dans les plaines enneigées de Bordeciel, j'ai préféré me rabattre sur un autre épisode. 
Les deux premiers, Arena et Daggerfall, de par le sentiment un peu "fouilli" et "inachevé" qu'ils m'inspiraient (désolé si vous êtes des puristes, hein les cocos!) ne me tentaient guère, je me suis donc précipité sur Morrowind, après l'avoir trouvé à bas prix dans une boutique d'occazes. (On ne se refait pas!) Mais attention, édition "hits collection" d'époque, en bon état, le tout livré avec ses deux extensions, et ce pour moins de deux euros! 

"Si ça, c'est pas une affaire!", me suis-je écrié - mais pas trop fort, pour ne pas me faire jeter dehors tout de suite.

Je suis donc rentré chez moi, le jeu en main, et le sourire aux lèvres. Quelques thèmes de Jeopardy plus tard, Morrowind était installé, et n'attendait plus que je me plonge dedans.

"C'est parti!", que je m'est alors dit - alors que cette fois, j'aurais pu m'écrier, vu que j'étais tout seul chez moi.

J'ai commencé sérieusement, je me suis créé un personnage avec un petit background pas piqué des hannetons, je l'ai amicalement baptisé Spooh-Ny, j'ai un peu fait attention au choix des caractéristiques, en me basant sur ce dit-background et sur mon expérience de jeu passée; puis une fois lancé, je me suis gentiment familiarisé avec les commandes, j'ai accompli deux-trois quêtes dans la première bourgade - qui sent un peu la vase, soit dit-en passant - j'ai fait connaissance avec les PNJ (dont le fameux elfe moche), je me suis fait arnaquer par les vendeurs, bref, une vie d'aventurier, quoi. Et puis c'est là que vient le drame.
Une quête m'envoyant dans la ville voisine, je m'y suis rendu sans tarder à bord d'un insecte domestique géant. Mais arrivé à la ville, me voici complètement déboussolé, et c'est à partir de ce moment que j'ai commencé à lâcher le jeu. Qu'importe le nombre de fois que j'y reviens, je suis incapable d'aller plus loin. Il y a quelque chose qui cloche, je ne sais pas quoi.

Je ne pense pas vraiment que ce soit à cause de l'âge du jeu qui commence à se faire vraiment sentir - ou alors ce n'est qu'en partie. Peut-être est-ce plutôt au niveau de l'ambiance, des décors, de cet endroit dans lequel on m'a largué trop vite. Peut-être aussi ai-je trop joué à Oblivion, et inconsciemment, je retrouve dans Morrowind ce qui avait fini par me lasser chez son petit frère. Je ne sais pas.

Toujours est-il que je ne compte pas me laisser décourager, et que j'ai bien l'intention de finir un jour Morrowind, dussé-je attendre longtemps avant de m'y remettre. Comme ça, je pourrais ensuite crâner en société. Enfin, encore faudrait-il que j'aille voir des gens pour ça!
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Note: En fait, je triche un peu, étant donné que j'ai déjà joué au jeu, mais j'ai tellement peu avancé au final qu'on peut dire que non, n'est-ce pas? Bon, d'accord, en fait, j'ai surtout choisi la facilité pour ce premier rendez-vous...

Morrowind, le jeu dans lequel les personages
sont encore plus moches que dans Oblivion...
(si, si! c'est possible!)

Et hop, un nouveau challenge! - post-it 04



Alors que le mois d'août approche lentement, mais sûrement de sa fin, et que dehors, le temps dehors n'est pas vraiment au beau fixe*, allez savoir pourquoi, je me suis lancé dans un nouveau challenge. Il faut dire qu'il m'a "un peu" tapé dans l'oeil** parce que la dark fantasy est un genre qui m'intéresse de plus en plus depuis quelques années, et puis surtout, il me permettra de faire un peu de ménage dans ma PAL!

Introduisons tout ça pour les imbé néophytes: Mécékoi la dark fantasy?


La dark fantasy, encore aujourd'hui assez méconnue du grand public, est un sous-genre de la fantasy, qui a vu le jour il y a bien longtemps*** (on peut citer des précurseurs comme Howard, Lovecraft ou Clark Ashton Smith) mais qui s'est surtout développé en masse à partir des années 1980 (avec Glenn Cook, Stephen King nottamment). La dark fantasy se distingue de la high fantasy, entre autres, par son absence de manichéisme, des personnages torturés et rugueux comme des silex, des ambiances et univers sombres, et des intrigues généralement pessimistes, noires, réalistes, n'hésitant pas à mêler violence, manipulation, luttes de pouvoir, coucheries en tous genres (si, si! on vous assure!), réflexions sur la nature du Bien et du Mal, voire des éléments horrifiques.

Et le challenge dans tout ça?


Comme vous l'aurez habilement deviné si vous avez un peu plus de trois neurones, le challenge consiste donc à lire et chroniquer**** un certains nombre d'oeuvres relevant de la dark fantasy. Ce challenge, organisé par Zina sur le blog Les pipelettes en parlent durera un an, du 15 mai 2014 au 15 mai 2015. J'ai encore un peu de temps devant moi, donc! 

Notez qu'il existe trois catégories pour lesquelles on peut concourir:

De 1 à 5 livres > Back to black
De 6 à 12 livres > Fade to black (celle que j'ai choisie)
Plus de 12 livres > Paint it black


Pour s'inscrire et obtenir plus d'informations, on peut également se rendre ici ou .
(J'ajoute que je suis pratiquement déjà prêt à aborder le challenge, vu qu'une chronique sur le tome 1 des Annales de la Compagnie Noire est dans les cartons. Avouez que vous ne vous ne vous attendiez pas à une telle préparation de ma part, hein?)
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*Remarquez, ça ne fait rien, vous allez dire, vu que je ne sors pas de toute façon.
**Mais pas littéralement, c'eût été très douloureux. Et je ne tiens pas à sortir, vous le savez, donc il est hors de question que j'aille à l'hôpital.
****Enfin normalement, je crois que juste lire suffit (je tâcherai de me renseigner), mais je me sens un chef Barbare dans l'âme, donc je me dois de chroniquer ce que je lis pour que ça puisse compter. 
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dimanche 17 août 2014

Aujourd'hui à la barre: "Le Procès" de l'ami Kafka!


''Il fallait qu'on ait calomnié Joseph K., car, sans avoir rien fait de mal, il fut arrêté un matin. La cuisinière de sa logeuse, Mme Grubach, qui lui apportait tous les jours son déjeuner à huit heures, ne se présenta pas ce matin-là. Ce n’était encore jamais arrivé. [...] On frappa à la porte et un homme entra qu’il n’avait encore jamais vu dans la maison. Ce personnage était svelte, mais solidement bâti, il portait un habit noir et collant, pourvu d’une ceinture et de toutes sortes de plis, de poches, de boucles et de boutons qui donnaient à ce vêtement une apparence particulièrement pratique sans qu’on pût cependant bien comprendre à quoi tout cela pouvait servir.
« Qui êtes-vous ? » demanda K. en se dressant sur son lit.''
(extrait du chapitre 1)



     Infos complémentaires:
     Auteur: Franz Kafka
     Titre original: Der Process (1925)
     Traduction par Bernard Lortholary
     Edition: GF - Flammarion (1993)
     Nombre de pages: 300 pages environ



Hum.
"J'annonce donc la reprise de "Deadly Dull" en ce beau mois d'août ensoleillé (bouh!), après deux mois d'arrêt, pour le meilleur, et surtout pour le pire.", disais-je donc la dernière fois. Hum, hum.
A vrai dire, j'ai un peu tardé, et il aura donc fallu presque deux semaine pour que ne paraisse l'article suivant. 
C'est d'ailleurs un peu le destin de cette chronique, que de traverser le temps sans jamais voir vraiment le jour. Elle aurait en effet dû être complètement rédigée et publiée il y a plus de deux mois, afin de compter pour ma participation au "Challenge Kafka", mais les aléas de la vie étant ce qu'ils sont (bouh! méchants aléas!) elle ne paraît que maintenant. Enfin, "mieux vaut tard que jamais", comme disent les jeunes, aussi, il serait inutile de tergiverser plus longtemps sur ces âneries. C'est donc parti pour Le Procès, de Franz Kafka!

Dans Le Procès, nous suivons donc Joseph K., fondé de pouvoir dans une banque, qui se retrouve un matin arrêté sans
en connaître la raison. Entraîné dans les engrenages d'une justice arbitraire qui se borne à le considérer comme coupable sans qu'il n'en sache la raison, il tente par tous les moyens de trouver de l'aide, des failles dans ce simulacre de justice, afin de pouvoir prouver son innocence et se sortir enfin de ce système terrible. Mais plus il agit, et plus les mailles du filet semblent se refermer sur lui, et ce jusqu'à la fin, une conclusion terrible, qui anéantit tout espoir pour cet homme, condamné dès le début.

K., est l'archétype du modeste mais brave employé de bureau, qui se retrouve embarqué sans le vouloir dans un système impartial auquel il ne comprend rien. Et on s'attache forcément à lui - malgré le peu d'information que l'on a sur lui - le soutenant, inconsciemment ou non, dans son combat contre la dictature de cette justice impartiale. Une lutte qu'il mène seul, soutenu mentalement par le lecteur. (moi!) Il y a d'ailleurs un petit air qui me vient en tête... Pas vous? Bon, je suis tout seul alors...
Le combat de K. paraît ainsi perdu d'avance, alors que dès les premières lignes, il est déjà embarqué dans les rouages de cette administration aveugle et toute-puissante, à la fois incapable et terriblement efficace, mais également invisible et pourtant partout présente - il n'est ainsi jamais possible à K., de même qu'au lecteur, de savoir si une personne qu'il rencontre appartient ou non au tribunal. Des ambigüités qui ne rendent finalement ce système que plus terrifiant, puisqu'impossible à saisir. Et ce, autant pour K. que pour le lecteur.
Car K. semble être la seule personne sensée, raisonnable, "normale" même, dans cette société invraisemblable où tout le monde semble agir de manière illogique, décousue, alors que tous paraissent manipulés par ce système qui n'a de dirigeant que ses propres lois injustes. Ainsi, à la lecture, on se trouve finalement aussi perdu que l'est K., dans cet univers qui lui est à la fois familier et pourtant inconnu. 

Et c'est ça que j'aime chez Kafka: l'absurdité des situations, que l'on retrouve dans son écriture - ce n'est pas pour rien qu'il est considéré comme l'un des maîtres de l'absurde! Mais cette écriture, s'avère également ici terriblement oppressante, ce qui ne fait que renforcer la puissance du récit. Et pose des réflexions intéressantes, en poussant à s'interroger sur la nature de la Loi, de la Justice, et même de la culpabilité et de l'innocence, des notions qui causeront bien des ennuis à K.! Un récit intelligent, donc, appuyé par une grande écriture.

Néanmoins, puisque je ne peux décemment pas faire l'impasse sur les défauts du Procès - sinon, les autres livres vont m'en faire un pour discrimination (oh que si, ils en serait bien capables!) - je dirais tout de même qu'on sent bien par moment qu'on a affaire là à un texte inachevé qui n'était pas à l'origine destiné à la publication.
En effet, l'écriture et le rythme sont parfois (souvent?) inégaux. 
Quelques passages restent (volontairement?) trop longs et surtout, assez lourds à lire. Je pense particulièrement aux explciations de l'avocat sur le système judiciaire, qui s'étendent certes sur un seul paragraphe, mais un paragraphe de deux à trois pages, tout de même! (et écrit petit, en plus... Pfuuuh...) Vous comprendrez bien sûr - ou alors vous êtes idiots (mais je vous aime bien quand même, allez!) que j'ai trouvé ça un peu indigeste. Peut-être était-ce l'effet recherché, remarquez, mais ce genre de passages a considérablement ralenti ma lecture pendant un temps.
Et puis surtout, un chapitre demeure inachevé, au plus fort de l'action, de surcroît! 
Par ailleurs, il n'existe pas de réel lien entre les différents chapitres, si ce n'est le "fil rouge" du roman, ce qui pourra gêner certains - mais ne m'a personnellement pas dérangé outre mesure.

Le mot de la fin


Le Procès, s'il possède les imperfections d'un texte inachevé jamais destiné à être publié, n'en reste pas moins un incontournable, un classique qu'il se faut d'avoir au moins touché du doigt ne serait-ce qu'une fois dans sa vie de lecteur. Oppressant et absurde, ce récit intelligent livre également une réflexion sur la nature de la Loi, dans une société dystopique au système judiciaire tout-puissant et arbitraire. Un petit diamant brut, qui m'a parfois posé problème, mais qui en tout cas, peut se vanter de m'avoir marqué.
Notez en sus que l'édition GF, celle que j'ai lu, contient également un dossier intéressant à la fin, dans lequel on trouve entre autres quelques passages supprimés. (Par contre, pas de possibilité dans le menu de choisir sa version, VF obligatoire pour tout le monde!)
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Notez encore: les deux images au-dessus sont tirées du film de 1962, réalisé par ce gars sympa qu'est Orson Welles.

Quelques citations mûrement choisies:
"Le jugement n'intervient pas d'un coup ; c'est la procédure qui insensiblement devient jugement."
"Dans ces conditions, la défense est naturellement dans une position très défavorable et délicate. Mais c'est à dessein, là encore. Il faut vous dire que la défense n'est pas à proprement parler autorisée par la loi, mais seulement tolérée ; encore tout le monde n'est-il pas d'accord sur l'interprétation des textes législatifs qu'invoquent les partisans de cette tolérance."
"Ce que tu dis là est plausible, dit le bastonneur, mais je ne me laisserai pas soudoyer. On m'emploie pour bastonner, je bastonne."

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Et voilà une première chronique pour le Challenge Kafka! C'est une "participation posthume", certes, mais bon, tant pis!